Clémence Elman

IF I CAN MAKE IT HERE, I CAN MAKE IT ANYWHERE,
THAT’S WHAT THEY SAY
2022-2023








FR / En partant d’une confusion naïve et volontaire entre la ville de Niort et celle de New York, je cherche des traces de la mégapole américaine. En mêlant fantasmes personnels et clichés collectifs sur la culture américaine, je viens les ancrer sur le territoire des Deux-Sèvres.
Le projet propose un ensemble narratif dans lequel texte et image sont mis en relation. Au fur et à mesure que je tisse des liens entre les deux territoires, un récit émerge et me permet de questionner la fonction illustrative des images et les potentialités interprétatives d’une information.
L’image documentaire est un concept fluctuant et évolutif en fonction du contexte dans lequel elle se déplace. Il est aujourd’hui primordial de sans cesse actualiser la notion d’image documentaire aux vues des débats contemporains. Le fait de mêler fiction et imaginaire est un moyen de nourrir des réflexions sur la manière dont le réel est représenté et perçu aujourd’hui et comment le photographe peut, à la fois, documenter et documenter comment documenter, offrant ainsi toujours différents niveaux de lecture.
Au-delà de la question du rapport entre fiction et documentaire, j’aborde ici la question du rapport entre textes et images. Les textes écrits dans le cadre du projet sont soit des informations trouvées sur Wikipédia - remplisseur de contenu inépuisable -, soit des anecdotes soulignant les hasards de mise en relation avec le territoire américain. Dans la forme éditoriale actuelle, les images récupérées sur internet sont collées rapidement, accompagnées de textes écrits ou rajoutés à la main, contribuant à garder le projet dans un aspect « travail de recherche ». Quant aux images produites, associées à une idée, un texte, ou une phrase, elles provoquent un décalage entre le fait énoncé qui est considéré comme une information sérieuse et son interprétation naïvement mise en forme, questionnant le rapport entre mot, concept et objet.
Je questionne également notre rapport à l’anecdote et au banal comme quelques chose qui viendrait finalement donner un sens sociologique et culturel plus large.


ENG / The meals taken at my grand-father’s place, in his dining room are the starting point of the narration, the other photos result from my wanderings in this place which I exhaust in the form of a documentary-fiction, playing with aesthetics particularity of this interior dating from the 1970s. Thus, through the self-portraits which punctuate the narrative frame, I slip into this decor, imagining myself living in this house in the skin of different characters. The clothes worn or chosen, the accessories, as well as the decoration summon a retro-futuristic universe frozen in time, an atmosphere in suspense, also reinforced by the homogeneity of the colors.

This work also addresses the question of the generational gap, the inner conflict that we can sometimes feel when faced with our grandparents, the difficulty in communicating, the importance of transmission.

In the continuity of my previous series La Fin des Voyages, which questioned our relationship to travel as Westerners (and the resulting relationships of domination), this series also raises the question of exoticism and the relationship that my grandfather - who today belongs to a privileged social class - maintains with the "Elsewhere", in particular through the presence of vegetation, the evocation of fauna, and objects brought back from travels.


     



Restitution de résidence, Rencontres de la jeune photographie internationale, Villa Pérochon, 2022




Restitution de la Bourse Eurazeo, 2022